Origine et histoire de l'Abbaye
L'abbaye Saint-Fortuné de Charlieu est une ancienne abbaye bénédictine située à Charlieu, dans le département de la Loire, en France. Elle a été fondée en 872 par le comte Boson et l'évêque Ratbert dans un lieu alors appelé Sornin, que les moines renommèrent Charlieu. D'abord autonome, l'abbaye est rattachée à l'ordre de Cluny vers 930-940. Dès le Xe siècle, l'église abbatiale abrite des reliques de saint Étienne et de saint Fortuné et est agrandie pour faciliter la circulation des pèlerins autour de ces reliques. L'édifice du IXe siècle tombe en ruines et fait l'objet d'une reconstruction au XIe siècle ; l'abbaye devient un prieuré en 1040. À la veille de la Révolution, le prieuré ne compte plus que six moines ; comme beaucoup de maisons religieuses, il est alors sécularisé et vendu comme bien national, entraînant la destruction d'une grande partie de l'église et la conservation seulement du narthex. L'ensemble a bénéficié de plusieurs protections au titre des monuments historiques, dont les listes et arrêtés successifs portant sur les fresques, l'abbaye, la tour dite Philippe-Auguste, l'ancienne maison abbatiale, les substructions des églises et la tour dite de la Gendarmerie.
Les substructions des anciennes églises datent du dernier quart du XIe siècle et du XIIe siècle ; la tour de la prison remonte au XIIe siècle. La tour dite de la Gendarmerie provient du renforcement des fortifications du monastère à la fin du XVe siècle ; elle est occupée jusqu'en 1790 par l'aumônerie, vendue comme bien national, abandonnée, puis réutilisée par la gendarmerie au cours du Second Empire. En 1920, le bâtiment attenant à cette tour est détruit pour permettre l'édification du monument aux morts. La tour mesure environ 6 mètres de diamètre et une vingtaine de mètres de hauteur ; un escalier intérieur dessert ses trois niveaux et le premier étage conserve une cheminée monumentale ainsi que des traces de décor mural peint. La propriété de l'abbaye, anciennement détenue par l'État via le ministère de la Culture, a été transférée au département le 1er janvier 2009.
L'église abbatiale, consacrée en 1094, ne laisse aujourd'hui que le niveau inférieur du narthex à l'ouest et les piliers de la première travée ; le reste de l'édifice a été démoli en 1800. Des fouilles archéologiques ont été conduites en 1927 par les Amis des arts de Charlieu puis de 1938 à 1957 par Elisabeth Read Sunderland. Les tympans romans de l'église prieurale sont remarquables : trois ensembles sculptés présentent une grande qualité artistique, les portails nord étant toutefois altérés par la suppression des têtes des personnages.
Le portail ouest, parmi les plus anciens tympans romans sculptés en pleine pierre, date des environs de 1100 ; il représente un Christ en mandorle porté par deux anges, tandis que le linteau montre les douze apôtres assis sous des arcs, allusion à la parousie et au jugement dernier. Les portails de la façade nord, du second quart du XIIe siècle, sont liés par leur programme iconographique : l'archivolte du portail principal porte l'agneau de l'Apocalypse et le petit portail un linteau évoquant les sacrifices animaux de la loi juive, mis en relation ici avec la figure du Christ et l'eucharistie, tandis que la scène des noces de Cana figure au-dessus de ce linteau. Le grand tympan montre le Christ en gloire entouré des quatre vivants de l'Apocalypse, identifiés aux quatre évangélistes, et de chaque côté de l'archivolte les vieillards de l'Apocalypse sont figurés jouant du vièle ; la végétation sculptée, abondante, évoque notamment l'arbre de vie et des motifs rédempteurs.
Le répertoire sculpté associe également des motifs géométriques et végétaux d'influence orientale, des rinceaux, palmettes, grecques et festons, et comporte des figures inscrites aux impostes et piédroits, parmi lesquelles figurent le roi David, Boson, Jean-Baptiste et l'évêque Ratbert, ainsi que des scènes moralisantes comme la luxure. Les scènes narrative et liturgique incluent les noces de Cana, la Transfiguration avec six personnages et des représentations de la Jérusalem céleste où les douze apôtres peuvent symboliser les douze portes de la cité sainte. L'auteur des sculptures n'hésite pas à marier le mouvement énergique et la délicatesse, par l'usage de petits évidements et d'un travail fin des plis et des textures.
Le cloître et sa galerie est constituent d'autres éléments conservés du monastère. Le réfectoire, qui ouvrait sur la galerie sud du cloître, a été abandonné puis démoli ; Prosper Mérimée signala en 1844 la présence de peintures romanes qui furent copiées par Alexandre Denuelle, et des fragments furent déposés au musée de Cluny. Lors de la démolition, on a également prélevé un bas-relief de l'Annonciation provenant de la chaire du lecteur, placé successivement dans la chapelle des Ursulines puis récemment déposé.
Le logis du prieur, construit à partir de la fin du XVe siècle sous Antoine Geoffroy et poursuivi par Jean de la Magdelaine, dont les armoiries ornent la porte, semble avoir été achevé en 1514 ; il remplace des bâtiments antérieurs et intègre une grande tour carrée qui a pu appartenir aux fortifications du Xe siècle. Au XVIIIe siècle, la chambre du prieur a reçu de belles boiseries de style Louis XV. Après la vente comme bien national, le logis est adjugé pour 11 500 livres, donné ensuite au Grand Séminaire de Lyon, remis en vente en 1839 puis acquis par un industriel local ; il a servi d'école pour les frères maristes à partir de 1824 jusqu'à la vente de 1850 à la fabrique paroissiale. Classé en 1889, le bâtiment est remis à l'hôpital-hospice lors des lois de séparation en 1905 et continue d'héberger les prêtres de la paroisse.
Le logis conserve des annexes — salle du cercle, dortoir transformé en grenier, parloir, cave et anciennes écuries — et la chapelle du prieur est ouverte à la visite ; des travaux menés par les monuments historiques comprennent des interventions en 1922, la reconstitution du carrelage en 1935-1936 et la reprise des toitures de l'aile sud en 1962. Le Groupe de Recherches Archéologiques de Charlieu s'installe en 1969 dans l'ancien dortoir pour y créer une salle d'exposition, une bibliothèque et un dépôt de fouilles, et en 1971 le parloir est affecté aux Amis des Arts qui y installent des collections lapidaires. Face à l'urgence de gros travaux, le département reprend l'ensemble des bâtiments en 1977 pour un franc symbolique ; la Société des Amis des Arts ouvre un musée d'art religieux en 1984 et de vastes travaux de réfection des toitures sont réalisés entre 1975 et 1993. Les prêtres quittent le logis en juin 1993 et la façade sud ainsi que ses huisseries sont réhabilitées en 2007-2008.
Conditions de visite
Conditions de visite : Ouvert toute l'année
Ouverture : Le site est ouvert toute l'année mais selon des modalités différentes en fonction de la saison.
Les horaires ci-dessous n'impliquent pas les horaires de visite guidée. Pensez à téléphoner pour vous renseigner.
Basse saison : Février-mars et novembre-décembre :
Du mardi au dimanche de 10h à 12h30 et de 14h à 17h30 (fermé le lundi, sauf jours fériés)
Moyenne saison : Avril-mai-juin et septembre-octobre :
Du mardi au dimanche de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30 (fermé le lundi, sauf jours fériés)
Haute saison : Juillet-août :
Tous les jours de 10h à 12h et de 13h à 19h
Fermeture : Fermeture : en janvier, les 24, 25 et 31 décembre.
Tarif individuel : Plein tarif : 4,30 €
Tarif de groupe : 3,70€
Billet pass : Pass pour les 4 sites du Département, incluant la Bastie d'Urfé, le Prieuré de Pommiers, l'Abbaye de Charlieu, le Couvent des Cordeliers à Saint-Nizier-sous-Charlieu
Plein tarif : 12 euros
Tarif réduit : 8,50 euros
Réduction : Tarif réduit : 2,70 €
(étudiants, chômeurs, sur présentation d'un justificatif en cours de validité)
Contact organisation : 04 77 60 09 97
abbayedecharlieu@loire.fr
Equipements et Détails
- Accès handicapé
- Animations
- Animaux non admis
- Boutique souvenir
- Guide conférencier
- Parking à proximité
Informations supplémentaires
Propriétaire actuel : Département
Style Architectural
RomanDeuxième âge romanClunisienGothique
Label(s)
Monument historique
Période de construction
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